Mais quelle voix que celle d’Elisapie Isaac, dès les premiers instants une sensation d’immensité infinie se dégage de ce timbre vocal aussi puissant que subjuguant.
C’est un peu par hasard que l’on a débuté par le titre Una et autant vous le dire sans détour, c’est le plus grandiose et lumineux de cet album, mais nous y reviendrons car ce n’est évidemment par avec ce titre que l’album s’ouvre, et on pourrait en placer d’autres dans la même case.
On pense à Amaq, un autre tout aussi impressionnant par ses guitares qui donnent le ton avec une rumeur musicale fracassante qui monte haut et surement pour sonner à la porte des hommes et les prévenir que oui, les femmes constituent bien la moitié de l’humanité.
Cette sensation d’espace vaste et sans limite qui s’offre à nous à l’écoute de cet album s’inspire forcément de ce qu’a vécu Elisapie Isaac en vivant si loin de tout avec au fond l’impression que rien n’est accessible sauf à enjamber les incroyables distances entre l’Arctique canadien où elle a grandi et le reste du monde.
Du blanc, du vide et forcément l’envie de migrer au-delà de cette généreuse étendue qui l’aura tout de même inspirer pour sa musique lorsqu’elle prend enfin son envol en direction du sud.
Elisapie Isaac
Mais une fois libre difficile pour une artiste comme Elisapie Isaac de laisser derrière elle son vécu. Et c’est bien cette vie d’avant, ses racines qui lui ont inspiré ce troisième album (mais surtout le premier pour nous de ce côté-ci de l’Atlantique.
The Ballad of the Runaway Girl
Une musique folk colorée pour ne pas seulement dire embelli par des musiques traditionnelles Inuit et d’un blues qui sort des tripes, voici le programme.
Évidemment le coté folk laisse rapidement la scène libre pour un déchainement d’instruments qui s’impose de la plus belle des façons en criant, en nous apostrophant pour nous inviter dans la danse voir même dans la transe avec par exemple Call of the Moose qui image très bien ce qu’est cet album et qui porte un message important en
refusant d’oublier les désastres provoqués par l’oppression des hommes blancs sur la communauté Inuit.
On a beau tourner les pages d’hebdoblog, on aura rarement vu un album nous captiver avec autant de constance, une partition sur laquelle les notes sont remplacées par bien des émotions.
Après l’éblouissant Una dont on vous disait quelques mots juste là-haut, le désespoir nous dévoile toute sa personnalité tout en douceur dans The Ballad of the Runaway Girl ou le titre Rodeo interpété avec Yadi Yada.
On relance l’album?
C’est inouï de terminer l’album avec Darkness Bring the Light, ce titre composé avec Joseph Yarmush, le guitariste des excellents Suuns semble s’être installé dans une cathédrale pour raisonner au delà des frontières.
Alors oui finir avec un titre pareil c’est une invitation à relancer l’album pour prolonger l’incommensurable euphorie qui fait suite à l’écoute de ces dix fragments d’une aventure musicale mémorable.
L’album The Ballad of the Runaway Girl vous le découvrirez aussi lors de la tournée en Europe prévue pour l’automne 2018.