Vous étiez peut-être là vous aussi en 1998 quand Matmatah sortait son incroyable album « La Ouache ». Un premier album qui allait les propulser très haut et surtout s’exporter très loin, car le groupe devient une tête d’affiche du rock hexagonal, et beaucoup ont encore en tête Lambé An Dro, Emma et bien d’autres titres.
2001, c’est « Rebelote« , l’occasion pour Matmatah de prendre un nouveau virage!
Le troisième album « Archie Kramer » c’est le passage à l’age adulte pour Matmatah, l’heure aussi de délivrer des messages plus clairs, et surtout d’être plus concerné et de le dire haut et fort!
« La décadence d’une Amérique à contempler sur Fox » évoquée dans Alzheimer résonne encore étrangement aujourd’hui…
La Cerise sera le quatrième album en 2007, mais cet album et la tournée qui va suivre va exacerber les tensons et le groupe titre sa révérence en 2008.
2015 c’est la publication du coffret Antaology. Ensuite vient l’idée de reformer le groupe, une idée qui fait son chemin et qui nous amène à ce nouvel album.
PLATES COUTURES – MATMATAH
C’est peu dire qu’ils étaient attendus, la preuve avec ces places de concerts qui s’arrachent alors même qu’aucun nouvel album n’est encore annoncé en septembre 2016.
L’écriture est de retour, c’est le guitariste Emmanuel Baroux qui va accompagner Tristan Nihouarn à la place de Sammy.
C’est en 2016 que accompagné de Bruno Green en charge de la réalisation d’un nouvel album que Matmatah prend le chemin de l’Angleterre.
Les habitudes sont rapidement de retour, et le son de Matmatah refait surface sur ces nouveaux titres avec à la section rythmique, Éric Digaire et Benoît Fournier qui tiennent toujours les rênes.
Du côté de la voix que tant de public ont suivi en criant les textes de Matmatah, c’est toujours Tristan Nihouarn.
Un nouvel album de onze titres qui respire l’actualité, vous savez cette actualité qui respire cette ambiance de fin du monde, évidemment ils sont là pour nous dire que rien n’est perdu et participer à faire baisser la tension!
C’est peu dire que vous aurez la gorge serrée à l’écoute de Nous y sommes qui pourra ouvrir les yeux à tous ceux qui dormaient encore et qui auraient raté ce qui s’est passé ces dernieres années…
Un « Ça y est, nous y sommes » qui remet les choses en place!
Un message à double sens, en guise de retour que de conclusion à l’histoire d’une planète qui part en vrille, ce n’est pas pour rien ni gratuitement que « fin de civilisation » est lâchée dans un texte aussi cynique que désespéré.
Nous y sommes et après???
On espère que la tendance se renversera, que c’est l’amour qui l’emportera sur la haine.
Marée haute
Un titre qui ne cite directement personne, mais comment ne pas faire des parallèles à l’écoute de ces mots plus que d’actualité!
Tobbogan est un magnifique titre à mille lieues de tout le reste de l’album, des choeurs, des mélodies qui s’envolent, et la touche du saxophoniste Dana Colley (Morphine).
Retour à la normale c’est le souvenir du bon vieux temps, sur un tempo punk-rock convoquant l’esprit d’Iggy Pop pour trinquer sur le pont de Recouvrance, en souvenir du bon vieux temps.
Ô ma beauté sonne beaucoup plus rétro, sur une histoire « d’auto-amour », sorte de selfie musical pour dénoncer la tendance égocentrée de notre époque.
On découvre un petit instant de « calme » avec un titre écrit et chanté par Éric Digaire, « Entre les lignes« , une mélodie efficace et des arrangements travaillés à la perfection.
Overcom traite assez bien la tendance du moment qui consiste à combler chaque coin de liberté d’esprit par de la surinformation…
Furieusement électrique, le titre Margipop est un magnifique chaos organisé de guitares toutes plus dingues les unes que les autres!
On débutait l’album avec un constat que tout est bientôt fini (si on ne change rien…) et on le termine sur une notre d’espoir, tout n’est peut-être par perdu, rien n’est inéluctable.
Pershmerga dont les propos sont loin d’être léger fait le balance avec une délicate mélodie…
Un album sombre et lumineux….
On peut battre ou être battu à Plates coutures, mais on ne tombe pas sans résister. Et on peut toujours se relever.