La révolution dans le piano, c’est toujours très intéressant, des sonorités, des expérimentations à la Aufgang, là évidemment on est très loin de la révolution expérimentale.
Quand on parle de révolution on peut rester dans la piano plus classique tout en faisant passer des messages, en faisant passer à travers les notes les idées et les sentiments, c’est ce que fait de façon très brillante Giovanni Mirabassi dans son nouvel album « Adelante ».
Mais avant de parler de ce nouvel album, petit retour sur l’histoire.
Pianiste et compositeur italien né à Pérouse en 1970, la piano fait partie de sa vie dès le plus jeune age puisque c’est dès l’age de 3 ans qu’il débute au piano, a 10 ans il se tourne vers le jazz, et c’est évidemment en écoutant des pianistes et d’autres musiciens qu’il apprend.
Bud Powell, Art Tatum, Bill Evans pour les pianistes (même si il y en a d’autres) et Astor Piazzolla (célèbre dans le tango) et Elton John, Bach, Brahams, et Enrico Pieranunzi, qui demeure l’une des ses plus fortes influences pour ce qui est du jazz et donc du piano.
Sa première expérience c’est à Pérousse lorsqu’il accompagne à 17 ans Chet Baker (célèbre trompettiste) lors d’un concert.
Il fait aussi de la musique avec ses propres compositions en étant accompagné cette fois de divers musiciens, il participe un peu plus tard à une tournée italienne avec le saxophoniste Steve Grossman,
C’est en 1992 qu’il s’installe à Paris, il y fait connaissance la connaissance d’Aldo Ciccolini qui l’accompagnera pour un apprentissage du piano qui va durer 3 ans.
En 1994 il monte un trio «  Panta Rei » avec Alain Raman à la basse et Xavier Frathely à la batterie en 1994, c’est de cette façon qu’il met un pied dans le jazz parisien et surtout dans les clubs de jazz.
Son premier album sera enregistré en 1996 avec le contrebassiste Pierre-Stéphane Michel et le trompettiste Flavio Boltro, et remporte le grand prix et le prix du meilleur soliste du concours international de Jazz D’Avignon, présidé par Daniel Humair.
En 1998, il autoproduit son premier disque en trio avec le batteur Louis Moutin et le contrebassiste Daniele Mencarelli.
C’est encore Daniel Humair qui lui propose de contacter Philippe Ghielmetti du label Sketch, le producteur va lui faire signer pour plusieurs albums, «  Architectures » sortira en octobre 1999.
C’est lui qui va composer et réaliser le premier CD de Agnès Bihl «  La terre est blonde « .
On le retrouve aussi aux cotés du chanteur Nicolas Reggiani, avec lequel il enregistrera en 2003 Léo en toute liberté autour d’inédits de Léo Ferré.
Son premier album solo sort en 2001, j’ai nommé «  Avanti « , se consacre aux chants révolutionnaires.
En 2003 c’est un autre album «  Air » qui sort avec un trio composé avec le trompettiste Flavio Boltro et le tromboniste Glenn Ferris, cet album obtient le prix du meilleur disque de l’année de l’Académie du Jazz.
Il va aussi sortir un album «  Prima o poi « , en trio et quartet, et un disque consacré à des standards de la chanson Cantopiano, et encore un nouvel opus en piano trio Terra furiosa en 2008.
Une carrière déjà bien remplie d’albums et de récompenses.
En 2011 c’est donc au tour d’un nouvel album «  Adelante » de voir le jour pour notre plus grand plaisir.
Sublime tout simplement, on pourrait résumer cet album de cette façon, mais il est quand même bien plus que ça puisqu’il fait passer un message avec « Adelante », un titre choisi comme un pied de nez aux japonnais peu scrupuleux qui ont acheté le catalogue dans lequel se trouve un autre de ses album « Avanti! »sur lequel il n’a plus aucun droit.
11 ans après cet album, il est encore là pour nous dire qu’il observe la société et démontre toujours autant son envie d’être un contre-pouvoir, chose que beaucoup d’artiste laisse de coté, pourtant la musique comme d’autres arts est bien là pour élever les conscience, ou du moins essayer de le faire.
Cet album est évidemment génial du début à la fin. Le début avec l’idée de dédier un album à la révolution, et l’enregistrement qui s’est fait dans les studios Abdala de Cuba.
Une belle initiative qui nous rappelle que cette idée « la révolution » est encore bien là dans toutes les têtes, l’actualité nous le prouve tous les jours.
Un album qui va donc de l’avant au piano et pratiquement en solo hors deux titres « Yo Me Quedo » et surtout « Hasta Siempre » où il est accompagné par la chanteuse Angela Elvira Perez (la mère de son actuel batteur), un titre que l’on trouve ici dans une version très différente de ce que l’on a déjà pu croiser.
Cet album est donc moins pacifiste qu’Aventi, plus militant avec l’idée sans doute qu’il est temps de prendre parti pour changer les choses…
Un album qui se tourne vers les chansons en espagnol mais aussi vers quelques chansons françaises.
De l’internationale à Graine d’Ananar en passant par Le chant des Canuts ou Lili Marleen, Giovanni Mirabassi fait passer un message sans forcément faire de la politique, sans non plus s’habiller en Che Guevara, la musique est sans doute beaucoup plus efficace que les mots, la musique est toujours très évocatrice de liberté, il suffit de l’écouter pour s’en convaincre.
Le mot de la fin est pour lui:
« La musique contestatrice est toujours très évocatrice. Elle affirme un cri de liberté qui fédère tous ceux qui l’écoutent. L’intention de ce disque c’est remettre au centre des enjeux ce pour quoi personnellement je milite et oeuvre. C’est aussi honorer ceux qui sont allées au charbon pour bâtir un monde meilleur, qu’on essaie aujourd’hui de réduire à néant. »
La révolution démarre donc le 27 octobre avec ce nouvel album.
A retrouver sur l’album:
L’internationale
Hasta Siempre
The partisan
A luta continua
Le déserteur
La estaca
Lili marleen
La crta
Gallo rojo gallo negro
Assentamento
Yo me quedo
Graine d’ananar
Le temps du muguet
Uno de abajo
Le chant des canuts
Gracias a la vida